Panneau de limite de vitesse à 30 km/h

30 km/h partout en ville?

Introduction

Notre proposition d’abaisser la limite de vitesse par défaut dans les agglomérations de 50 km/h à 30 km/h a fait beaucoup réagir cette semaine.

Points de vue | 8 févr. 2024

Sécurité routière
Zones modulaires

Notre proposition d’abaisser la limite de vitesse par défaut dans les agglomérations de 50 km/h à 30 km/h a fait beaucoup réagir cette semaine. Autant cette recommandation a-t-elle été applaudie par des organisations et acteurs en sécurité routière que par des personnes de partout au Québec, autant a-t-elle été considérée comme farfelue par d’autres. Mais surtout, elle a été mal comprise par plusieurs. Comme nous considérons que c’est une mesure importante et raisonnable, qui, selon nous, devrait au moins être étudiée attentivement, nous souhaitons prendre le temps de l’expliquer.

La situation actuelle

Actuellement, au Québec, il existe une vitesse par défaut. C’est-à-dire qu’en l’absence d’un panneau indiquant une autre vitesse, c’est la vitesse qui s’applique. Présentement fixée à 50 km/h en agglomération, cette vitesse n’impose pas que toutes les rues en milieu urbain soient à 50 km/h, mais plutôt que c’est la vitesse qui s’applique à moins de présence d’une signalisation indiquant une autre vitesse. Il est par exemple possible de déterminer une zone de 30 km/h dans des zones résidentielles ou encore une vitesse maximale à 70 km/h sur un grand boulevard.

Par contre, cette vitesse de 50 km/h n’est pas compatible avec une cohabitation sécuritaire sur la route. C’est pourquoi nous avons recommandé que cette vitesse par défaut soit abaissée à 30 km/h, c’est-à-dire que cette vitesse devienne le point de référence en l’absence d’une signalisation contraire. Cela ne viendrait pas toucher à l’autonomie d’une municipalité de déterminer une limite de vitesse différente sur certaines de ses rues, par exemple de fixer la limite à 50 km/h sur les artères importantes.

Pourquoi 30 km/h?

Nous ne recommandons pas cette vitesse de 30 km/h au hasard. L’Organisation mondiale de la santé recommande notamment que la vitesse soit limitée à 30 km/h dans les zones urbaines caractérisées par des interactions entre plusieurs types d’usagers de la route1. C’est aussi la vitesse à laquelle les probabilités de survie pour une personne piétonne victime d’une collision sont élevées: à 30 km/h, elles sont de 90%, alors qu’elles ne sont que de 25% à 50 km/h2. 30 km/h c’est aussi la limite de vitesse établie dans la très grande majorité des zones scolaires au Québec. Toutefois, limiter la vitesse dans les zones scolaires n’est pas suffisant alors que, 85% des enfants piétons blessés et 95% de ceux tués dans une collision routière l’ont été à l’extérieur d’un environnement scolaire.

Un changement de norme sociale

Concrètement, ce changement porteur aurait un impact sur la norme sociale et sur la perception populaire de la vitesse acceptable à adopter en milieux bâtis. 

Il aurait aussi une incidence sur la vitesse de conception considérée pour les rues en milieu urbain et influencerait donc les aménagements. Puisque la largeur des voies est influencée par la vitesse de référence, établir une vitesse plus basse par défaut impliquerait un aménagement plus cohérent avec une présence d’usagers vulnérables sur les routes. En favorisant des vitesses pratiquées à 30 km/h sur la majorité des rues en milieu urbain, les routes où il sera déterminé d’appliquer une limite de vitesse supérieure à 30 km/h devront alors être aménagées de façon à ce qu’elles puissent être traversées en sécurité et que les usagers vulnérables soient séparés physiquement de la circulation (par l’aménagement d’un trottoir, par exemple). Alors que des guides de conception adaptés pour le milieu urbain seront en rédaction dans les prochains mois par le ministère des Transports et de la Mobilité durable, la vitesse de 30 km/h, soit celle de cohabitation sécuritaire, doit servir de référence afin que la conception des rues qui seront construites et reconstruites dans nos milieux de vie au cours des prochaines années au Québec soient cohérentes avec les meilleures pratiques actuelles.  

Ce changement permettrait aussi d’appuyer les municipalités du Québec, comme Trois-Rivières ou Québec qui, au cours des dernières années, ont suivi cette tendance internationale et adopté des règlements instaurant une limite de vitesse à 30 km/h sur de leur réseau routier local, en ajoutant des panneaux de limites de vitesses supérieures sur certaines routes faisant de ces dernières l’exception plutôt que la norme.

Alors que le gouvernement du Québec s’est engagé à mettre en œuvre l’approche Vision zéro dans son récent Plan d’action en sécurité routière 2023-2028, il nous apparaît cohérent de suivre une approche systémique et d’agir sur l’ensemble du territoire, notamment en établissant la vitesse par défaut à 30 km/h.


1 Organisation mondiale de la santé. (2021, Octobre). Plan mondial pour la décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030. Organisation des Nations unies.

2 Ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec. (2015). Gestion de la vitesse sur le réseau routier municipal en milieu urbain. Gouvernement du Québec.

 

Abonnez-vous à notre infolettre

Restez informé de nos prises de positions, de nos projets et activités!
Vous pourrez vous désabonner à tout instant.